
Un siege vide: le bao s'en est alle...
C'est agréable d'entendre ces poètes déclamer les vers de Césaire. Mais la question que nous ne posons pas c'est de savoir d'ou parle Césaire. On a beau vanter le baobab ou l'immortel Césaire. Mais cela change quoi à la condition africaine? Les douleurs passées nous ont-elles instruits? Assumons-nous notre responsabilité historique sur la question de race, ethnie etc...
Il a écrit 'Une saison au Congo'. Qu'est devenu le Congo aujourd'hui? Une terre d'agonie.
Il a écrit 'La tragédie du roi Christophe'. Qu'est ce que le Haiti aujourd'hui? Une terre de chaos et de famine.
C'est peut-etre une bonne facon d'honorer Césaire en applaudissant ses vers. Mais sa poésie est plutot un cri douloureux sur le gibet de la colonisation. En écrivant qu'il habite une blessure, il évoque une situation de malemort qui n'a rien d'un roman à l'eau de rose. Voila pourquoi il serait peut etre bon d'ajouter à ces éloges légitimes une lecture contextuelle de sa 'Lettre à Maurice Torrez', de son 'Le Discours sur le colonialisme', de sa Préface au livre de Victor Schoelcher sur l'esclavage, de son intervention sur l'égalite des Peuples d'Outre-Mer etc...
Esclavage, Colonialisme etc ... ce sont des formes historiques du capitalisme si bien analysées par Marx etc... Le marxisme est peut-etre mort mais les conditions qui lui ont donné naissance n'ont pas structurellement changé. Peut-etre nous faut-il explorer les racines actuelles de ce mal qui a suscité pareille protestation poétique et prendre les formes d'engagement conséquentes.
De cette facon, Césaire le combattant politique aura passé le flambeau de la résistence aux générations qui refusent de courber le dos aux nouvelles formes de colonialisme, des rebellions, des guerres civiles et de pauvreté humaine. Ainsi, on serait plus pragmatique sur le terrain politique et économique ou cette Afrique ne représente rien de plus qu'un océan des malheurs.
Autrement, on restera des griots larbinisés plus enclins aux applaudissements frénetiques comme du temps des Dictateurs, des Timoniers, des Pères de la Nation, des Présidents-Fondateurs... Et l'on classerait Césaire au rang d'immortel, de dieu... Ailleurs les philosophies de la Lumiere ont revolutionné les mentalités. Ici, nos poètes sont admirés et loués; ce qui est bien. Mais avaient-ils l'intention de faire de nous des auditeurs médusés de leurs vers? Puissent leur poésie attiser notre soif de fraternité universelle (si elle existe) et faire de la négritude plus une praxis politique qu'une idéologie sentimentale (si elle peut exister).
Karma-Yoga