
Le candidat democrate Obama et le senateur Edward Kennedy
LE LEADER POLITIQUE A LA LUMIERE DE L'EVANGILE
(Ce texte a ete ecrit au second semestre de l'annee 2005. Je le poste pour me souvenir simplement et continuer de penser plus radicalement....).
"Si quelqu'un veut être le premier parmi vous, qu'il soit votre serviteur; et c'est ainsi que le Fils de l'homme est venu non pas pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude" (Mt 20, 27-28). Ces sont les paroles que Jésus adresse à ses disciples. Lui, le Roi des rois leur a montré comment diriger dans un esprit de service désintéressé. Il a nourri les foules, guéri les malades et consolé les affligés. A ses contemporains, il disait:"Je suis au milieu de vous comme celui qui sert";"Jje suis venu sur terre pour que vous ayez la vie en abondance". Par sa vie totalement donnée aux autres, il a posé les fondements d'une société de justice et d'amour. Contre toutes les théories politiques du pouvoir comme domination, il a fait du pouvoir un service.
Aujourd'hui, nous vivons une période de transition politique vers la troisième république que nous voulons être dirigée par des hommes responsables. A la lumière de l'exemple de Jésus, il est possible réfléchir sur le profil du leader à la hauteur des problèmes actuels de notre société. Quels sont les problème actuels ?
Remaniement ministériel et violence à Kanyabayonga: une crise de leader ?
Au même moment, que se passait-il dans le Nord-Kivu ? La population de Kanyabayonga, Kasando, Kayina, Kirumba continuait à subir les affres de la guerre. Dans cette tourmente, un prêtre oeuvrant dans ce milieu embrasé nous écrivait la veille de Noël (le 15.12.2004): "C'est dans la fièvre de guerre et d'humiliation, d'incertitude et de colère que les populations du diocèse de Butembo-Beni se préparent à commémorer à Noël la venue du prince de la paix dans le monde. Une paix pourtant qui semble s'éloigner de l'horizon à mesure que les populations s'éloignent de leurs maisons et terres vers un avenir de plus en plus noir et incertain". C'est le cri d'alarme d'une population sans leader, errant dans les forêts en quête de sécurité et de pain. Où sont les leaders politiques à la hauteur des défis actuels ? Telle est la question qu'elle se pose.
Les évêques congolais ont déploré la médiocrité de la classe politique congolaise. Le ministre belge des affaires étrangères leur a emboîté le pas. Et la population soupire après les élections dans l'espoir de renouveler cette classe politique congolaise. Ainsi, tout le discours à ce propos tourne autour des qualités requises pour tout gestionnaire du pouvoir dans la Troisième République. Chacun à sa façon tente de décrire le profil du politicien à venir au regard de l'incurie et de la prévarication observée.
Les évêques congolais ont déploré la médiocrité de la classe politique congolaise. Le ministre belge des affaires étrangères leur a emboîté le pas. Et la population soupire après les élections dans l'espoir de renouveler cette classe politique congolaise. Ainsi, tout le discours à ce propos tourne autour des qualités requises pour tout gestionnaire du pouvoir dans la Troisième République. Chacun à sa façon tente de décrire le profil du politicien à venir au regard de l'incurie et de la prévarication observée.
Des mécanismes de contrôle du pouvoir
Mais ce faisant, on n'oublie vite qu'il y a un fossé entre ces critères et la réalité. N'avons-nous pas vu des discoureurs sur la démocratie qui, une fois au pouvoir, se sont transformés en autocrates redoutables ? N'avons-nous pas vu des théoriciens sur la transparence économique qui, une fois aux commandes, sont devenus des gestionnaires malhonnêtes ? Pourquoi ? Parce que probablement il manquait, dans les institutions politiques, des mécanismes appropriés pour contrôler cette gestion du pouvoir et du bien public. Ainsi, l'impunité qui y a élu domicile a transformé même les candidats élus en fossoyeurs du bien public. Par conséquent, pour en finir dans le cas de figure, le limogeage des ministres ne devra être qu'une étape d'une affaire à suivre: le justice doit poursuivre son cours. C'est un principe de l'Etat de droit auquel tous les citoyens congolais aspirent.
Ainsi, les élections ne sont pas en elles-mêmes une solution-miracle à la crise d'homme que traverse la société congolaise. Elles sont un moyen plus sûr vers une société des hommes plus responsables de la vie les uns des autres.
Ainsi, les élections ne sont pas en elles-mêmes une solution-miracle à la crise d'homme que traverse la société congolaise. Elles sont un moyen plus sûr vers une société des hommes plus responsables de la vie les uns des autres.
Partant, ce qu'il faut retenir à travers cette culture démocratique des urnes, c'est plutôt le pouvoir réel des citoyens non seulement à se choisir des dirigeants crédibles mais surtout à les contrôler régulièrement dans cette gestion du bien public et dans cette tâche de construire une société conviviale et prospère après les élections. La démocratie ne peut se réduire à un simple jeu de domino ni à une ponctuelle liturgie électorale; elle est un exercice contraignant d'accountability auquel gouvernants et gouvernés sont soumis.
La maîtrise de notre destinée nationale: quel est notre projet commun ?
Il ne faudra dont oublier cette dimension importante. Car le drame des citoyens congolais est d'abord dans la perte de leur pouvoir de diriger leur destinée nationale en tant que citoyens libres, capables de concertation et d'action à la mesure de leurs ambitions républicaines. Nous réapproprier notre destinée nationale suppose que nous sachions vraiment ce que nous voulons. Quel est notre projet national ? Quelles sont nos attentes en fonction desquelles nous pourrons évaluer l'action des hommes politiques durant la transition et au cours de la troisième république ? Sommes-nous un peuple uni et travaillant ensemble pour les mêmes objectifs ?
Car nous ne pourrons choisir les leaders qu'en fonction de ces objectifs que nous voulons réaliser. Dans ce contexte, les leaders que nous voulons ne seront pas des sauveurs de qui nous attendrions des solutions miracles à nos malheurs. Ces leaders devront être des citoyens capables de cristalliser nos énergies pour restaurer la paix et réunir nos efforts communs d'engager le pays dans la voie du développement. A la manière de Jésus, ils seront ainsi des hommes au service du peuple. Leur force ne sera pas dans les armes mais dans leurs capacités managériales de faire des Congolais un peuple libre, debout et dynamique.
Car nous ne pourrons choisir les leaders qu'en fonction de ces objectifs que nous voulons réaliser. Dans ce contexte, les leaders que nous voulons ne seront pas des sauveurs de qui nous attendrions des solutions miracles à nos malheurs. Ces leaders devront être des citoyens capables de cristalliser nos énergies pour restaurer la paix et réunir nos efforts communs d'engager le pays dans la voie du développement. A la manière de Jésus, ils seront ainsi des hommes au service du peuple. Leur force ne sera pas dans les armes mais dans leurs capacités managériales de faire des Congolais un peuple libre, debout et dynamique.
Nous sommes capables de réussir par nos forces
Cette approche du leadership suppose que la population comprenne qu'elle n'est pas totalement démunie pour réaliser ses objectifs. Au contraire, elle a les ressources pour affronter les défis actuels de paix et de stabilité sociale, pour recouvrer ses droits et sa dignité. Le sens des élections ne se comprend que dans cette reconnaissance du pouvoir du peuple comme communauté politiquement organisée, du peuple comme source unique de légitimité et de légalité, du peuple comme agents autonomes de transformation sociale.
En réfléchissant sur le leadership politique, il faudra distinguer deux types de leaders: d'une part, les leaders transactionnels qui donnent à leurs électeurs les miettes de leurs fortunes pour le besoin de la campagne électorale. D'autre part, il y a les leaders transformationnels qui proposent un projet cohérent en réponse aux problèmes des citoyens et qui entraînent les électeurs à l'action au nom d'un programme à évaluer au jour le jour.
En réfléchissant sur le leadership politique, il faudra distinguer deux types de leaders: d'une part, les leaders transactionnels qui donnent à leurs électeurs les miettes de leurs fortunes pour le besoin de la campagne électorale. D'autre part, il y a les leaders transformationnels qui proposent un projet cohérent en réponse aux problèmes des citoyens et qui entraînent les électeurs à l'action au nom d'un programme à évaluer au jour le jour.
Face au silence de la communauté dite internationale, devant l'attitude ambiguë des observateurs, en réponse aux atermoiements du gouvernement, la population congolaise devra comprendre que rien n'est perdu: elle reste l'architecte de sa destinée, elle est responsable de ses choix politiques et économiques pour l'avenir. Il n' y a pas à se lamenter. Malgré toutes les lenteurs et difficultés dans la préparation de ces élections dont la tenue semble être renvoyée sine die, les citoyens congolais sont libres de se décider, avec détermination, à aller jusqu'au bout de ses aspirations vers un Etat de droit. L'Histoire montre que la liberté et le droit ont toujours été conquis au prix de sacrifices. Dans cet Etat de droit à venir, le leadership sera un service de promotion de la liberté et de la dignité humaine.
Il nous faudra juger les politiques non en fonction de ce qu'ils promettent de faire mais en fonction de ce qu'ils ont fait à long terme et de ce qu'il font aujourd'hui pour la population en terme de promotion de la liberté, du droit et de la justice. Ainsi, pour une bonne sélection par les urnes, il faudra insister sur la mémoire qui permet de se souvenir de ce que nous avons vécu et de ce que nous vivons présentement. Cette connaissance du passé lointain et immédiat permettra de juger les candidats non à partir d'un profil théorique ou à partir des promesses mirobolantes mais à partir des services rendus dans la construction d'un Etat de droit. Les Congolais pourront alors élire des hommes dont la grandeur politique se mesure par leur aptitude à servir ce peuple de qui ils détiennent le pouvoir.
Karma-Yoga