Lac Kivu - Ville de Bukavu - A l'Est de la RDC

The perspective of eternity is not a perspective from a certain place beyond the world, not the point of view of a transcendant being; rather it is a certain form of thought and feeling that rational persons can adopt within the world (John Rawls).



Wednesday, December 10, 2008

BARRACK OBAMA: UNE ILLUSION MEDIATIQUE ?



Le logos: un atout de Obama






Aujourd’hui, il y a une littérature abondante sur le président américain nouvellement élu. Mais dans ce flot médiatique, il y a très peu de mots sur l’envers de son ascension fulgurante. Au pays de la bienséance, les vainqueurs beneficient d’une biographie immaculee. Je voudrais poser quelques questions:

1.La strategie et la propagande: Combien rapporte, en termes de gain électoral, l’idéologie du changement qui fait vibrer les cordes psychologiques d’une population anxieuse sur sa sécurité financière? Brandissant l’épouvantail d’Al-Qaeda, Bush a bien remporte son second mandat sur son adversaire democrate. Obama a fait miroiter les promesses de la réduction de taxes à des Américains desorientés par la crise financière. La resemblance n’est peut-etre pas considerable. Outre la couleur de sa peau, quelle nouveauté spécifique apporte-t-il dans la politique américaine en Afrique (Africom, Grands lacs etc…), dans les relations de son pays avec l’ONU, dans l’usage pondéré de la NATO, dans la lutte pour l’abolition constitutionnelle de la peine de mort ou pour la suppression de la dette du Tiers-Monde? Ce sont ces questions qui importent et bien d’autres questions urgentes que l’enthousiasme, du reste bien légitime, de tous ses supporters semble occulter. Quelle charge salvifique porte encore son ‘mantra’ emotionnel de changement bien après sa victoire? La chute des Bourses a Wall Street au lendemain de son élection n’indiquait-elle pas les limites de ses slogans mi-politiques mi-religieux face au vrai pouvoir financier?

2.L’argent des grands et les espoirs des petits. John McCain promit de ne prendre avec lui que les fonds du gouvernement pour sa campagne électorale. Mr Obama formula la meme promesse mais ne la tint pas, sous l’instigation de ses conseillers lui assurant la victoire non pas par la magie de son eloquence mais par le charme irresistible des espèces sonnantes et trebuchantes. Obnubilés par la furieuse envie de changement, beaucoup d’observateurs ont applaudi cette ruse comme un acte d’habileté politique. A propos de cet argent: ces millions de dollars deversés dans la campagne électorale venaient-ils exclusivement des petites gens pour qui il s’est fait le porte-parole? Il n’est pas defend d’y voir la main du capitalisme americain decidé de sauver la barqueen changeant de timonier. Je voudrais bien croire que ce n’est pas un simple maquillage du capitalisme yankee aux bons soins d’un esthéticien de couleur. Je voudrais bien croire que tous les candidats aux élections présidentielles américaines ne sont pas des facettes du meme l’impérialisme américain avec ses piliers indeboulonables (BM,CIA,FBI,NASA etc).

3.Le Kairos et l’Histoire. Dans une de ses analyses sur l’imaginaire des Congolais, le philosophe Ka Mana, spécialiste sympathisant de la rebellion ‘nkundiste’, affuble ses compatriotes des qualificatifs peu flatteurs d’etourdi, d’imbecile et d’idiot, sans oublier de s’y retrouver lui-meme. Dans le cas present des supporters obamistes, il est plutot question des aspirations légitimes a la prosperite qui poussent les hommes de tous les continents à a reduire lesfrontieres entre le reve et la réalité. C’est bien plus qu’une question d’Obamania: c’est la resurgence du messianisme dans le psychè humain sécretant une angoisse diffuse face à un cataclysme indéfinissable. En temps de desarroi, tous les homes aux abois cherchent des leaders qui restaurent l’autorite de l’Etat, qui rassurent, qui soient differents de Bush, de Mobutu, de Mugabe etc… La tendance c’est d’idealiser le profil du ‘heraut’ devenu ‘heros’.

4.L’experience du meme au meme. Aux peuples qui accouraient pour l’acclamer, Barrack affirmait la main sur le coeur qu’il allait à Washington pour le transformer. Aujourd’hui, l’argument de l’experience l’emporte sur la nouveaute du changement: apparemment son equipe est faite de vieilles figures de l’administration Clinton ou Bush cad de l’establishment americain. Les silhouettes des Clinton, Susan Rice, Robert Gates etc… hantent de nouveau les couloirs de la Maison-Blanche. Ceux qui suivent les talk-show des conservateurs comprennent la dynamique de la politique etrangere de l’Amerique agressive, avec ou sans Obama. Pourtant je voudrais bien croire que Hillary nous apporte un regard different de celui de Bill Clinton sur les Grands-Lacs. Si non, ils sont loin les temps des envolees lyriques du messianisme de Barrack Obama.

5.Les promesses de la desillusion. Obama promettait de renouveller les énergies et ainsi de promouvoir la protection de l’environnement. Mais il parle aujourd’hui d’augmenter le parc nucléaire. Déjà commence à baisser le ton révolutionnaire des discours sur la couverture maladie universelle (Universal Health Care), sur le dialogue sans pré-conditions avec les “ennemis” des USA, sur la fermeture de la prison de Guantanamo, sur la révision des accords de NAFTA, sur l’imminence du retrait des troupes d’Irak. Il parle meme d’attaquer l’Afghanistan. La raison d’Etat aura-t-elle raison de cet idéalisme qui a fait passer Mr Obama pour un naïf dangereux?
J’ai voulu entonner un refrain different de tous les alleluias entendus à la gloire de cet Africain-Americain talentueux dont l’envers du triomphe pourrait échapper à notre vigilance bercée par l’illusion du changement. Plus positivement, je m’inquiéte du système qui peut le broyer ou le transformer au risque d’anéantir tous nos espoirs avives par sa victoire electorale. Combien de fois n’avions-nous pas été surpris par ces présidents ou ces eveques qui ont souleve nos coeurs gonfles d’espoir par leurs promesses des lendemains qui chantent et qui au bout de la trajectoire se sont révélés n’etre que des piètres leaders? Et nous qui esperions…
L’experience est bien vieille de deux mille ans. Non. Je prie le bon Dieu d’accorder a Mr Obama la sagesse d’Akhenaton, la bravoure de Soundjata Keita, la perseverance de Mandela. Je garde l’espoir que Mr Obama pourra etre un president a la dimension de Washington, Lincoln, Roosevelt et -pourquoi pas- Andrew Jackson qui disait: “I was born for the storm”. Puisse-t-il l’etre pour son pays et pour le mien. Après tout, l’ancien sénateur d’Illinois a, dans une démarche bipartisane, fait voter un bill pour mon cher pays: The Democratic Republic of Congo Relief, Security and Democracy Promotion Act (S 2125). Une pactole de 52 millions de dollars pour la ‘sécurité’de la RDC. Yes, he can.

Karma-Yoga