Aide-toi, le Ciel t’aidera !
On peut reflechir sur le role de Dieu en situation congolaise de detresse.
1. La raison instrumentale. Je voudrais remercier celui qui a inventé l'internet pour nous aider à communiquer. Pendant qu'à MIT (Cambridge) ou à Sillicon Valley, ces ingénieurs de l'informatique galopent de découvertes en découvertes, au Congo l'enseignant, l'infirmier et le militaire sont les parents pauvres de l'Etat. Faut-il prier pour cela ? Dieu n'y est pour rien.C'est plutot une question d'organisation sociale, de droit et d'efficacite technologique. La Chine qui nous “colonise” à présent n’est peut etre pas un pays des ‘pieux’ mais de travailleurs assidus et habiles. Organisons-nous!
2.Les fonctions régaliennes de l'Etat. En lisant curtains psaumes sur la vengeance de Dieu, je vois d'une part un défenseur de la notion de Dieu Juge clément et d'autre part un avocat de l'homme victime qui confond le devoir légitime d'assurer sa sécurité avec l'attribution à une quelconque divinité du pouvoir de vengeance. Dans les deux camps, on reclame justice mais la ou l'un confie cette tache au Dieu vetero- ou neo-testamentaire qui convertit le "meurtrier", l'autre souhaite quand meme etre restaure dans ses droits. Il faut peut-etre placer ces psaumes dans leur contexte socio-politique: l’impie et l’arbitraire triomphent dans un societe sans foi ni loi. Au Congo, toutes nos prises de position peuvent etre tassees en une seule verite, triste et terrible: la nation congolaise est un conglomerat des groupes ethniques, politiques, militaires enfermes dans le piege du "sauve-qui-peut". Le desir de vengeance ou l'attribution de la justice a Dieu ce sont les differentes formes du meme aveu: l'Etat demissionnaire de ses fonctions regaliennes. A cote de la plainte du psalmiste, je suggere que nous pensions aussi au role subsidiaire des institutions autres que l’Etat. Car une societe c’est plus que l’Etat, l’Eglise etc… C’est nous.
3. Le silence de Dieu. Aux cotés de formes d’hyperreligiosité africaine et congolaise, il est possible d’entreprendre une étude de l’athéisme,de l’agnosticisme, de la “croyance” éprouvée aussi bien dans les traditions religieuses africaines que dans les formes actuelles de pieté. Les grandes crises ont peut-etre l’avantage de pousser plus loin les limites de nos croyances habituelles. Essayons d'admettre, juste pour une fois, que Dieu ne répond pas à la prière et des justes et des 'injustes' (car ils prient aussi). Apprenons à vivre notre foi dans ce silence parfois douloureux. Avoir des réponses à toutes les questions humaines sur Dieu c'est peut-etre nous leurrer sur nos limites humaines ou refuser le dépaysement nécessaire au murissement de toute foi. Bien plus, distinguons l'historicité de la révélation du mystère insondable de Dieu.Les théophanies sont peut etre déchiffrables mais le mystère restera toujours un privilège de Dieu. C'est la fameuse théologie apophatique. Concrètement, admettre la dimension anthropologique de la vengeance, de la réparation, du pardon ouvre le champ au pluralisme théologique sur les conceptions de Dieu de la tradition juive, chrétienne, musulmane, africaine etc... Dans nos modes de credence aussi, organisons-nous !
4. Les limites du dialogue. Il est de bon ton de proner le dialogue avec "l'ennemi" ou de garder sur lui un prejuge favorable. Mais que faire quand ses actes decoivent de facon permanente toute bonne foi ? Mais qu'arrive-t-il lorsque ce dialogue ne marche pas ou lorsque les accords ne sont pas respectés ? Lusaka, San City, Goma etc...Il y a ce grand stratege qui definissait la guerre comme l'art de faire la politique autrement; il voulait probablement parler des cas ou tous les moyens pacifiques sont epuisés. Jeune vicaire zele, je me revois encore gravissant la montagne de Mangengenge avec un bataillon des pelerins armés de chapelet, priant pour la paix et le dialogue, pendant que “la bas les autres” developpent la strategie machiavelique de “talk and fight”. Pourquoi Dieu a-t-il prefere vaincre Lucifer plutot que de le convertir ? Dans certaines circonstances, ni la priere ni le dialogue ne sont une panacee. Ce qui pose la question de l'autonomie et de la responsabilite attribuee a l'homme par un Dieu promoteur de la subsidiarite. A cote de prieres, il y a lieu de penser a une classe des diplomates talentueux et de valeureux militaires qui auront pour saint patron respectivement St Raphael et Michel-Ange. Dans nos formes de piete, organisons-nous !
5. La foi et la force. Contrairement aux pacifistes Mennonites par exemple, l'Eglise catholique semble avoir une position realiste sur l'usage de la force et donc sur le role de l'Etat en ce qui concerne la securite exterieure par la diplomatie et l'armee. Apres l'attaque du 11 Sept, les Eveques americains ont ecrit leur lettre 'Living with faith and hope after september 11' dans laquelle ils evoquent le pardon, le dialogue et… l'usage de la force comme moyen de "contre-terrorisme". Ces braves eveques ont une position nuancee mais ferme sur l'armement nucleaire ! Je repete un truisme: au Congo, ce qui manque ce ne sont pas les prieres de conversion mais peut etre la conversion elle-meme ou simplement un Etat de droit. Ces zones troublees de l’Est ou de l’Ouest ce sont un espace d'anomie ou la violence insensee a fait place a la loi. l’Etat ayant abandonne le monopole de la violence legitime, ce sont des ‘hommes forts’ (et peut-etre pas Dieu) qui s’en emparent aussi bien dans le gouvernement que dans les rebellions. Comment y instaurer la loi, la securité, le droit ? Concretement, cherchons a exercer les mecanismes de controle et d'accountability sur ceux a qui revient cette charge. Car, a defaut de ne pas repondre a ces questions, on finit par remplir le vide de l'Etat par les divinites tutelaires. Aide-toi, le ciel t’aidera.
6. Les emblemes de l'identite nationale. Pour finir, admettons que Jesus ait pardonne a ses bourreaux.Serait-ce l’unique image valuable de Jesus en contexte conflictuel ? Toutes ces christologies calquees sur le concile de Calcedoine et d'ailleurs, tous ces "re-ecritures d'un Jesus ancetre, guerisseur etc... ce sont des reponses justes a des questions precises. Sans preter le flanc a une quelconque heresie, je reve d'une christologie d'un Jesus 'historique' en colere dans le Temple saccage qu’est la RDC. Voyons: il traite Herode de renard, il bastonne les vendeurs dans le temple, il s'attaque aux pharisiens avec des 'philippiques' memorables, il paie les impots et se fait "aumonier" des militaires a qui il prodigue des bons conseils etc... Eh oui, il voulait purifier le Temple, parfaire la Loi, initier une Nouvelle Alliance. A cote de l’erudition des exegetes, je tenterai une lecture politique de ces actes: ce sont autant des symboles sacres pour une communaute de destin. Quelle est notre relation affective au drapeau, a la constitution, a l’hymne, a l’histoire etc ? Concretement, cherchons a revaloriser les emblemes qui reconcilient nos differences et dans lesquelles nous nous reconnaissons comme une Nation Unie. “Unite we stand, divided we fall”, disent nos amis Yankees.
Apres avoir dit tout cela, que faire ? Organisons-nous ! Il y a lieu de reflechir sur les exigences de la redemption dans l'offre du salut.
On peut reflechir sur le role de Dieu en situation congolaise de detresse.
1. La raison instrumentale. Je voudrais remercier celui qui a inventé l'internet pour nous aider à communiquer. Pendant qu'à MIT (Cambridge) ou à Sillicon Valley, ces ingénieurs de l'informatique galopent de découvertes en découvertes, au Congo l'enseignant, l'infirmier et le militaire sont les parents pauvres de l'Etat. Faut-il prier pour cela ? Dieu n'y est pour rien.C'est plutot une question d'organisation sociale, de droit et d'efficacite technologique. La Chine qui nous “colonise” à présent n’est peut etre pas un pays des ‘pieux’ mais de travailleurs assidus et habiles. Organisons-nous!
2.Les fonctions régaliennes de l'Etat. En lisant curtains psaumes sur la vengeance de Dieu, je vois d'une part un défenseur de la notion de Dieu Juge clément et d'autre part un avocat de l'homme victime qui confond le devoir légitime d'assurer sa sécurité avec l'attribution à une quelconque divinité du pouvoir de vengeance. Dans les deux camps, on reclame justice mais la ou l'un confie cette tache au Dieu vetero- ou neo-testamentaire qui convertit le "meurtrier", l'autre souhaite quand meme etre restaure dans ses droits. Il faut peut-etre placer ces psaumes dans leur contexte socio-politique: l’impie et l’arbitraire triomphent dans un societe sans foi ni loi. Au Congo, toutes nos prises de position peuvent etre tassees en une seule verite, triste et terrible: la nation congolaise est un conglomerat des groupes ethniques, politiques, militaires enfermes dans le piege du "sauve-qui-peut". Le desir de vengeance ou l'attribution de la justice a Dieu ce sont les differentes formes du meme aveu: l'Etat demissionnaire de ses fonctions regaliennes. A cote de la plainte du psalmiste, je suggere que nous pensions aussi au role subsidiaire des institutions autres que l’Etat. Car une societe c’est plus que l’Etat, l’Eglise etc… C’est nous.
3. Le silence de Dieu. Aux cotés de formes d’hyperreligiosité africaine et congolaise, il est possible d’entreprendre une étude de l’athéisme,de l’agnosticisme, de la “croyance” éprouvée aussi bien dans les traditions religieuses africaines que dans les formes actuelles de pieté. Les grandes crises ont peut-etre l’avantage de pousser plus loin les limites de nos croyances habituelles. Essayons d'admettre, juste pour une fois, que Dieu ne répond pas à la prière et des justes et des 'injustes' (car ils prient aussi). Apprenons à vivre notre foi dans ce silence parfois douloureux. Avoir des réponses à toutes les questions humaines sur Dieu c'est peut-etre nous leurrer sur nos limites humaines ou refuser le dépaysement nécessaire au murissement de toute foi. Bien plus, distinguons l'historicité de la révélation du mystère insondable de Dieu.Les théophanies sont peut etre déchiffrables mais le mystère restera toujours un privilège de Dieu. C'est la fameuse théologie apophatique. Concrètement, admettre la dimension anthropologique de la vengeance, de la réparation, du pardon ouvre le champ au pluralisme théologique sur les conceptions de Dieu de la tradition juive, chrétienne, musulmane, africaine etc... Dans nos modes de credence aussi, organisons-nous !
4. Les limites du dialogue. Il est de bon ton de proner le dialogue avec "l'ennemi" ou de garder sur lui un prejuge favorable. Mais que faire quand ses actes decoivent de facon permanente toute bonne foi ? Mais qu'arrive-t-il lorsque ce dialogue ne marche pas ou lorsque les accords ne sont pas respectés ? Lusaka, San City, Goma etc...Il y a ce grand stratege qui definissait la guerre comme l'art de faire la politique autrement; il voulait probablement parler des cas ou tous les moyens pacifiques sont epuisés. Jeune vicaire zele, je me revois encore gravissant la montagne de Mangengenge avec un bataillon des pelerins armés de chapelet, priant pour la paix et le dialogue, pendant que “la bas les autres” developpent la strategie machiavelique de “talk and fight”. Pourquoi Dieu a-t-il prefere vaincre Lucifer plutot que de le convertir ? Dans certaines circonstances, ni la priere ni le dialogue ne sont une panacee. Ce qui pose la question de l'autonomie et de la responsabilite attribuee a l'homme par un Dieu promoteur de la subsidiarite. A cote de prieres, il y a lieu de penser a une classe des diplomates talentueux et de valeureux militaires qui auront pour saint patron respectivement St Raphael et Michel-Ange. Dans nos formes de piete, organisons-nous !
5. La foi et la force. Contrairement aux pacifistes Mennonites par exemple, l'Eglise catholique semble avoir une position realiste sur l'usage de la force et donc sur le role de l'Etat en ce qui concerne la securite exterieure par la diplomatie et l'armee. Apres l'attaque du 11 Sept, les Eveques americains ont ecrit leur lettre 'Living with faith and hope after september 11' dans laquelle ils evoquent le pardon, le dialogue et… l'usage de la force comme moyen de "contre-terrorisme". Ces braves eveques ont une position nuancee mais ferme sur l'armement nucleaire ! Je repete un truisme: au Congo, ce qui manque ce ne sont pas les prieres de conversion mais peut etre la conversion elle-meme ou simplement un Etat de droit. Ces zones troublees de l’Est ou de l’Ouest ce sont un espace d'anomie ou la violence insensee a fait place a la loi. l’Etat ayant abandonne le monopole de la violence legitime, ce sont des ‘hommes forts’ (et peut-etre pas Dieu) qui s’en emparent aussi bien dans le gouvernement que dans les rebellions. Comment y instaurer la loi, la securité, le droit ? Concretement, cherchons a exercer les mecanismes de controle et d'accountability sur ceux a qui revient cette charge. Car, a defaut de ne pas repondre a ces questions, on finit par remplir le vide de l'Etat par les divinites tutelaires. Aide-toi, le ciel t’aidera.
6. Les emblemes de l'identite nationale. Pour finir, admettons que Jesus ait pardonne a ses bourreaux.Serait-ce l’unique image valuable de Jesus en contexte conflictuel ? Toutes ces christologies calquees sur le concile de Calcedoine et d'ailleurs, tous ces "re-ecritures d'un Jesus ancetre, guerisseur etc... ce sont des reponses justes a des questions precises. Sans preter le flanc a une quelconque heresie, je reve d'une christologie d'un Jesus 'historique' en colere dans le Temple saccage qu’est la RDC. Voyons: il traite Herode de renard, il bastonne les vendeurs dans le temple, il s'attaque aux pharisiens avec des 'philippiques' memorables, il paie les impots et se fait "aumonier" des militaires a qui il prodigue des bons conseils etc... Eh oui, il voulait purifier le Temple, parfaire la Loi, initier une Nouvelle Alliance. A cote de l’erudition des exegetes, je tenterai une lecture politique de ces actes: ce sont autant des symboles sacres pour une communaute de destin. Quelle est notre relation affective au drapeau, a la constitution, a l’hymne, a l’histoire etc ? Concretement, cherchons a revaloriser les emblemes qui reconcilient nos differences et dans lesquelles nous nous reconnaissons comme une Nation Unie. “Unite we stand, divided we fall”, disent nos amis Yankees.
Apres avoir dit tout cela, que faire ? Organisons-nous ! Il y a lieu de reflechir sur les exigences de la redemption dans l'offre du salut.
Karma-Yoga